Mittwoch, 30. Oktober 2013

"Cousins par alliance" - de Béatrice DURAND

Je suis en train d'enseigner toute une unité sur les clichés qui existent en France et en Allemagne sur l'autre pays. C'est pourquoi, j'ai lu des extraits du livre suivant:

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Durand, Béatrice: Cousins par alliance. Les Allemands en notre miroir, Paris 2002.

Je le trouvais assez intéressant et bien informatif. J'aimerais vous faire part de quelques extraits:

Durand, Française qui habite depuis les années 1990 en Allemagne, est d'avis qu'en France il y a une perpétuation des vieux stéréotypes sur le caractère allemand et le destin historique de l’Allemagne (voir p.7).


L’Allemagne reste pour les Français une terra incognita malgré le très grand investissement officiel depuis 1945. (voir p.8)
« Les relations franco-allemandesont leurs spécialistes, leurs médiateurs, leurs revues, leurs institutions […] et même leur chaîne de télévision, Arte. » (Ibid.)

De plus, elle constate « un lien entre l’absence de contacts à la base et le recours permanent à l’histoire ». Selon elle, « tous les évènements sont interprétés comme la réactualisation d’un caractère allemand en continuité avec le passé ». (p.10)

« Aucune réflexion sur l’Allemagne ne peut faire l’économie d’une interrogation sur la période 1933-1945, sur ce qui l’a précédée et sur ce qui l’a suivie. » (p.11)

Durand pourtant veut « opposer à ces représentations historicisantes de l’Allemagne contemporaine une analyse des mentalités quotidiennes » et « comprendre ce qui s’est transformé, ce qui reste du passé dans le présent et sous quelle forme, mais aussi ce qui est une création nouvelle ou le produit d’une rupture ». (p.14)

Et cela à partir des malentendus interculturels.


« L’expérience du malentendu interculturel, quand elle fait l’objet d’une réflexion, est une source de connaissance très fiable, parce qu’elle oblige l’observateur à comprendre quelle est sa position par rapport à ce qu’il observe, à réajuster l’image préconçue de la réalité étrangère, à réajuster même les catégories qu’il apportait avec soi pour l’interpréter. […] Elle constitue donc un excellent garde-fou contre la perpétuation des jugements tout faits. » (p.17)

Elle compare les deux pays ensuite à partir de la vie quotidienne et surtout par rapport à l'éducation des enfants: des premiers gestes jusqu'à la fac.

«Chaque société a sa façon d’éduquer les enfants. L’éducation, au même titre que les habitudes alimentaires, la manière de conduire une voiture ou de faire la queue à un guichet, est soumise à des modèles collectifs. [...] [L'] attitude éducative allemande est plus centrée sur l’enfant. Elle est ainsi à la fois plus protectrice, voire plus inquiète, tout en étant plus ‘non-directive’, s’interdisant de projeter sur l’enfant trop d’attentes adultes ; alors que l’attitude française voit déjà dans l’enfant l’adulte futur, sans éprouver la crainte, si typiquement allemande, de détruire en lui sa part d’enfance ». (p. 24)

Elle explique les différences (en France: une éducation plus magistrale, plus encyclopédique, moins individualiste, plus centrée sur les excercices écrits, avec l’éternelle hiérarchie entre l’instruction et l’éducation) entre autres par d'immenses transformations de la société allemande qui ont eu lieu après la Seconde Guerre mondiale. Il y avait une rénovation pédagogique qui correspondait à une vaste interrogation collective sur le passé nazi. On voulait former des citoyens acceptables pour la démocratie par le moyen d’une éducation différente. Ces réformes et cette interrogation auraient été plus profondes et plus sérieux en Allemagne qu'en France. En Allemagne, toute réflexion pédagogique a donc eu et continue d’avoir une dimension politique et historique très forte. En bref, la France n'a pas eu besoin de forts changements au niveau de la société et du système éducatif, car elle n'a pas perdu la guerre et n'a pas été coupable de l'holocauste. En Allemagne par contre il y avait toute une nouvelle vague de théories pédagogiques différents comme par exemple l'anthroposophie. Tous ces courant étaient comme un réservoir d'idées duquel l'Allemagne s'est servi permettant d’accompagner les mutations de société vers la modernité. 

Dans sa conclusion, Durand évoque bien sûr la dimension européenne:
L'Europe doit organiser politiquement un ensemble vaste et culturellement diversifié. Il y a donc la question de savoir quelle quantité d’acculturation et d’homogénéisation culturelle (pas forcément linguistique) est nécessaire – mais aussi tolérable. Sa réponse:
Comme l’acculturation européenne ne passera bien évidemment pas par l’adoption d’une langue et d’une culture nationales uniques, on pourrait imaginer qu’un nouveau socle commun soit constitué au contraire par le plurilinguisme et la capacité des individus à se mouvoir de manière adéquate dans ces espaces culturels différents de leur espace d’origine. « Ce serait un pas significatif non pas vers l’uniformisation mais vers une perception concrète des différences et de la richesse culturelle des Européens. »

VIVE LA DIFFÉRENCE ET LA DIVERSITÉ!!!

1 Kommentar:

Marion hat gesagt…

Très intéressant, surtout le passage sur l'éducation... Où bizarrement je me sens plus proche du modèle allemand que français ! Mais pour le système français en général, c'est bien vrai. Intéressant de voir aussi que les allemands se sont plus remis en question que les français sur l'éducation... Je pense qu'un de pb dans l'éducation est de ne pas savoir se remettre en question, évoluer et s'informer :-) ! Biz mon "cousin par alliance " ;-)