Je suis en train d'enseigner toute une unité sur les clichés qui existent en France et en Allemagne sur l'autre pays. C'est pourquoi, j'ai lu des extraits du livre suivant:
Durand, Béatrice: Cousins par alliance. Les Allemands en
notre miroir, Paris 2002.
Je le trouvais assez intéressant et bien informatif. J'aimerais vous faire part de quelques extraits:
Durand, Française qui habite depuis les années 1990 en Allemagne, est d'avis qu'en France il y a une perpétuation des vieux
stéréotypes sur le caractère allemand et le destin historique de l’Allemagne (voir p.7).
L’Allemagne
reste pour les Français une terra incognita malgré le très grand investissement officiel depuis 1945. (voir p.8)
« Les relations franco-allemandesont leurs spécialistes, leurs médiateurs, leurs revues, leurs institutions […]
et même leur chaîne de télévision, Arte. » (Ibid.)
De plus, elle constate « un lien
entre l’absence de contacts à la base et le recours permanent à
l’histoire ». Selon elle, « tous les évènements
sont interprétés comme la réactualisation d’un caractère allemand en continuité
avec le passé ». (p.10)
« Aucune
réflexion sur l’Allemagne ne peut faire l’économie d’une interrogation sur la
période 1933-1945, sur ce qui l’a précédée et sur ce qui l’a suivie. » (p.11)
Durand pourtant veut « opposer à
ces représentations historicisantes de l’Allemagne contemporaine une analyse
des mentalités quotidiennes » et « comprendre
ce qui s’est transformé, ce qui reste du passé dans le présent et sous quelle
forme, mais aussi ce qui est une création nouvelle ou le produit d’une rupture ». (p.14)
Et cela à partir des malentendus interculturels.
« L’expérience
du malentendu interculturel, quand elle fait l’objet d’une réflexion, est une
source de connaissance très fiable, parce qu’elle oblige l’observateur à
comprendre quelle est sa position par rapport à ce qu’il observe, à réajuster
l’image préconçue de la réalité étrangère, à réajuster même les catégories qu’il
apportait avec soi pour l’interpréter. […] Elle constitue donc un excellent
garde-fou contre la perpétuation des jugements tout faits. » (p.17)
Elle compare les deux pays ensuite à partir de la vie quotidienne et surtout par rapport à l'éducation des enfants: des premiers gestes jusqu'à la fac.
«Chaque
société a sa façon d’éduquer les enfants. L’éducation, au même titre que les
habitudes alimentaires, la manière de conduire une voiture ou de faire la queue
à un guichet, est soumise à des modèles collectifs. [...] [L'] attitude
éducative allemande est plus centrée sur l’enfant. Elle est ainsi à la fois
plus protectrice, voire plus inquiète, tout en étant plus ‘non-directive’,
s’interdisant de projeter sur l’enfant trop d’attentes adultes ; alors que
l’attitude française voit déjà dans l’enfant l’adulte futur, sans éprouver la
crainte, si typiquement allemande, de détruire en lui sa part d’enfance ». (p. 24)
Elle explique les différences (en France: une éducation plus magistrale, plus encyclopédique, moins individualiste, plus centrée sur les excercices écrits, avec l’éternelle
hiérarchie entre l’instruction et l’éducation) entre autres par d'immenses
transformations de la société allemande qui ont eu lieu après la Seconde Guerre mondiale. Il y avait une
rénovation pédagogique qui correspondait à une
vaste interrogation collective sur le passé nazi. On voulait former
des citoyens acceptables pour la démocratie par le moyen d’une éducation différente. Ces réformes et cette interrogation auraient été plus profondes et plus sérieux en Allemagne qu'en France. En Allemagne,
toute réflexion pédagogique a donc eu et continue d’avoir une dimension politique et
historique très forte. En bref, la France n'a pas eu besoin de forts changements au niveau de la société et du système éducatif, car elle n'a pas perdu la guerre et n'a pas été coupable de l'holocauste. En Allemagne par contre il y avait toute une nouvelle vague de théories pédagogiques différents comme par exemple l'anthroposophie. Tous ces courant étaient comme un réservoir d'idées duquel l'Allemagne s'est servi permettant
d’accompagner les mutations de société vers la modernité.
Dans sa conclusion, Durand évoque bien sûr la dimension européenne:
L'Europe doit organiser
politiquement un ensemble vaste et culturellement diversifié. Il y a donc la question de savoir quelle
quantité d’acculturation et d’homogénéisation culturelle (pas forcément
linguistique) est nécessaire – mais aussi tolérable. Sa réponse:
Comme l’acculturation européenne ne passera
bien évidemment pas par l’adoption d’une langue et d’une culture nationales
uniques, on pourrait imaginer qu’un nouveau socle commun soit constitué au
contraire par le plurilinguisme et la capacité des individus à se mouvoir de
manière adéquate dans ces espaces culturels différents de leur espace
d’origine. « Ce serait un pas significatif non pas vers l’uniformisation
mais vers une perception concrète des différences et de la richesse culturelle
des Européens. »
VIVE LA DIFFÉRENCE ET LA DIVERSITÉ!!!